Les Chars Français de la seconde guerre mondiale


De l'entre-deux guerres à la libération en 1944.

Trois phases

On peut résumer l'évolution l'évolution de l'arme blindée Française en trois actes jusqu'en 1940:

1-Les lauriers: En dehors de l'achèvement en 1921 des dix super-lourds FCM-2C, la production de chars en masse cesse en France et ne reprendra qu'en 1935, avec, entre temps, l'initiative privée pour l'export (Char NC) comme moteur d'innovation chez Renault, et la commande de prototypes par le général Estienne pour FAMH, Schneider, Delaunay et FCM (Voir développement char B). D'autres séries limitées voient le jour comme les tankettes de cavalerie AMC 33, les half-track Panhard AMC et Citroen-Kegresse (notamment grâce à la médiatique croisière jaune des autochenilless Citroen), ou encore le char moyen D1, tous en série limitée.

2-Le Réveil: En 1933 avec l'accession d'Hitler à la tête du IIIe Reich, il devient clair pour l'état-major que le niveau d'impréparation de l'armée pour une nouvelle guerre tient surtout au grand nombre de matériels dépassés. Outre les séries vues plus hauts et des prototypes, le gros de la force blindée en France repose sur les chars FT de 1917-18, lents et légèrement armés. L'axe principal des efforts va alors consister en 1934 à tenter de les remplacer en produisant de nouveau modèles qui deviendront principalement les Renault R35 et Hotchkiss H35 pour l'infanterie. Le char de bataille standard va devenir le B1, et la cavalerie va s'équiper de l'excellent S35 produit par Somua, mais les délais s'accumulent.

Chars de l'entre-deux guerres
Chars de l'entre-deux guerre: Le Renault Kégresse, puis le NC sont des tentatives de moderniser le FT.



3-Le Rush: En Septembre 1939, la production de char en France, bien que rapidement seconde, derrière l'Union Soviétique en importance, est prise en court. Des retards se sont accumulés notamment du fait des grandes grèves de 1936, et le Renault FT reste encore en nombre, le principal char Français. Autant l'Armée de l'air commande en urgence aux USA, ces derniers n'ont rien à proposer qui puisse intéresser l'armée de terre. Pis, c'est eux qui s'inspireront plus tard du Somua S35 pour le Sherman. On constate aussi que le canon de 37 mm court n'est pas polyvalent et de nombreux tanks sont réarmés à la hâte avec le SA 38, 37 mm long capables de faire face aux chars Allemands. De nouveaux designs sont dans les cartons en 1940 qui auraient pu très bien maintenir une nette supériorité Française si les évènement avaient tourné différemment, avec des chars plus rapides, à blindages penchés, à tourelles modifiées pour un chef de char indépendant, radio, intercom et un canon de 75 mm.

NC Ko gata
Chars Renault NC27 déployés par les Japonais lors de la conquête de la Chine

Les chars Français de l'entre-deux guerre

Renault tente de moderniser le FT (1923-27)

En 1919 le vaillant petit FT n'est plus produit que pour l'export. Son succès est considérable et il est le choix du premier tank pour de nombreux pays. Les USA avec le M1917 produisent leur premier blindé en masse, il sera conservé jusqu'à la fin des années 30. Les Bolchéviques s'emparent de chars FT utilisés par les Russes "blancs" durant la guerre civile. Une copie qui sera nommée "Camarade Lenine" deviendra le premier char Soviétique et inspirera plus tard le T-18. Les Italiens obtiennent le char également en 1918 et vont lancer leur propre version le FIAT 2000. Le char est aussi Utilisé par le Japon, la Pologne, le Brésil, la Yougoslavie, la Finlande, la Roumanie, la Belgique, l'Espagne, la Lituanie, ou la Chine.

FT31
FT 31, 31 BCC, Mai 1940 - credits: tanks encyclopedia
FT31
FT 31 de la 33e BCC, Mai 1940 - credits: tanks encyclopedia
FT31
FT 31 de la 36e BCC, Aleppo, Syrie, 1940 - credits: tanks encyclopedia

En France, le modèle est modernisé comme FT 31 par l'initiative de Renault, en nombre limité et semi-expérimental avant le NC. Une modernisation concernant la plupart des chars est menée avec le modèle FT-31 qui consiste à les réarmer avec une mitrailleuse de forteresse Châtellerault. Cependant en 1925, de son propre chef Renault convertit 42 chars avec des chenilles Kégresse, et la vitesse double presque. Ces versions sont envoyés combattre la Rébellion Berbère du Rif en Algérie et au Maroc. La Yougoslavie et la Pologne touchent également quelques NC2. Toutefois Renault dévoile en 1926 un nouveau prototype NC doté d'une complexe suspension (NC1). Le Japon va en commander une version améliorée en 1927, modifiée localement comme l'Otsu-Gata Sensha, utilisé en Chine. L'Armée va finalement s'y intéresser aussi et commande une version modifiée qui va devenir le Char D, puis D1.

NC Kegresse
NC2 à chenilles Kégresse - credits: tanks encyclopedia

Le char super-lourd Français (1921)

En vérité, le premier char de l'après-guerre est dû à un chantier naval, les Forges de la Méditerrannée (FCM). Le F2 est le dernier d'une série de prototypes chers au Général Estienne qui en 1915 déjà envisage un "char lourd de rupture". Officiellement nommé “char d’assaut de grand modèle” il est commandé verbalement à l'été 1916 par le Général Mourret. C'est une véritable forteress roulante capable de venir à bout des ouvrages fortifiés de la ligne Hindenburg. Comparé au FT et pour reprendre la tendance en vogue à l'époque c'est un cuirassé de terre. Malheureusement, le chantier n'est pas payé, et le véhicule ne dépasse pas le stade des études, jusqu'à ce que Mourret reprenne le projet en main et invite Renault à participer, avec une commande officielle en Octobre 1916 et le premier projet est mené par Rodolphe Ernst-Metzmaier (designer du FT). Cependant Estienne lui-même en vient à craindre que ce "monstre" ne draine trop de ressources face au développement du FT, allant jusqu'à demander l'abandon du projet à Joffre. Toutefois en Février 1917, trois prototypes sont commandés, le premier étant le FCM 1A. Au final, 10 véhicules de série 2C définitif sortiront du chantier en 1921, nommés d'après des régions Françaises.

FCM 2C
Char FCM 2C "Poitou" et Renault FT côte à côte pour comparaison - Credits: Tanks Encyclopedia

Le FCM 2C restera jusqu'en 1921, le char le plus grand et le plus lourd (69 tonnes) en service dans le monde. Long de 10 mètres mais étroit pour tenir sur une plate-forme ferroviaire standard, le FCM est armé d'un canon de 75 mm en tourelle principale, avec une tourelle arrière armée d'une mitrailleuse et équipées de coupoles stroboscopiques. Deux autres mitrailleuses sont sur les flancs à l'avant, en barbettes et mantelets sphériques. La propulsion était assurée par deux moteurs de dirigeables V12 Maybach couplés à des transmissions électriques. Leur blindage allait de 22 à 45 mm et leur équipage comprenaient 12 hommes. Les blindés seront abondamment filmés, donnant l'impression d'une force de chars invincible et irrésistible. La réalité était tout autre: En Mai 1940 les FCM 2C hors normes restent en réserve. On les évacue en Juin vers le sud de la France, mais le 15, le convoi ferroviaire est attaqué par la Luftwaffe et cinq sont détruits et capturés le 15 juin. Trois autres, non évacués sont hors service et ont été sabotés. Belles prises abondamment photographiés par la presse Allemande, l'un deux est brièvement testé, et le No.99 Champagne est envoyé à Berlin mais sont sort reste inconnu. La rumeur courait jusqu'à récemment que capturé par les Soviétiques en 1945, il était caché dans les réserves du musée de Kubinka.

L'équipage du FCM-2C
L'équipage d'un FCM-2C au complet

Les Renault D

Développé à partir du NC27, le Renault D1 est une extrapolation du FT, qui donnera les prototypes NC28 et NC1 (M26\27), puis NC31. Leur coque reste celle du FT, plus tard entièrement révisée et agrandie, ainsi que la tourelle, mais le moteur est plus puissant, les chenilles et trains roulants sont entièrement nouveaux. Les suspensions, complexes, font appel à trois bogies, chacun comprenant une série de ressorts hélicoïdaux verticaux et des vérins. Les roues sont de petites dimensions. Le D1 final reçoit en 1932 la nouvelle tourelle Schneider soudée ST1, puis ST2 qui comprend un canon de 47 mm (1.85 in) SA34 et une mitrailleuse jumelée. L'armée en commande 160 tous confondus (incluant le NC31) mais on les envoie rapidement dans les colonies, où ils resteront jusqu'en 1942. Au sein de la Brigade Légere Mécanique, certains prendront part aux combats contre les forces de Rommel à Kasserine.

D1 preserie
Char D1 de présérie, à tourelle moulée Berliet - Credits: Tanks Encyclopedia

Le Renault D1 était un "char de bataille" du type recommandé par Estienne également développé par Renault pour remplacer le médiocre D1. Le design, complètement révisé est avalisé le 29 Décembre 1934 par la Commission de Vincennes, et commandé en petit nombre: 100 seulement délivrés au compte-goutte de 1936 à 1940 avec la nouvelle tourelle en fonte APX-1. De Gaulle regrettera dans ses mémoires qu'on eut pas choisi ce modèle pour une production de masse plutôt que le coûteux et complexe B1.

D2 1938
Char D2 de fin de production à tourelle APX4, 19 BCC, mai 1940 - Credits: Tanks Encyclopedia

Les tankettes de cavalerie AMR/AMC

Renault va également à la demande de la cavalerie concevoir en 1930 une série d'"automitrailleuses" légères et rapides pour la reconnaissance : AMR signifie Auto Mitrailleuse de Reconnaissance. Par la loi en effet, la cavalerie se voit interdire l'usage de "chars", on joue donc sur les mots. Techniquement les véhicules doivent êtres bien plus rapides qu'un char FT, Renault s'inspire donc en 1931 des suspensions Carden-Loyd développés pour les tankettes anglaises contemporaines (une accusation de plagiat sera d'ailleurs déposée), ce qui donne le prototype "Tracteur léger de cavalerie type VM".

L'AMR-33
Tankette AMR 33

Légers et nerveux, les AMR 33 disposent d'un 8 cylindre 84 cv, 4241 cc, Renault Nervasport et leur poids limité (le blindage est symbolique) autorise des vitesses dépassant les 60 km/h. Aux 123 délivrés succèdent 187 AMR 35 produits de 1936 à 1939, les derniers armés d'un canon rapide de 25 mm SA35 L47.2 or L52 capable de détruire des chars légers et moyens.

L'AMC-35
L'AMC 35 était peut être le meilleur blindé léger Français en 1940. Credits: Tanks encyclopedia

A partir de 1935, on développe les Auto Mitrailleuses de Combat, des tankettes mieux armées, moins rapides mais mieux protégés. Disposant d'une tourelle moulée APX-1, l'AMC 34 à une production symbolique et va servir dans les Chasseurs d’Afrique au Maroc en 1940. Considérés comme des chars légers la série AMC 35 aboutie en 1938 sera peu produite. Mais elle dispose d'une tourelle inédite à deux places APX-2, fabriquée à Batignolles-Châtillon, dotée d'un canon long de 37 mm. De nombreux sont commandés par la Belgique, seulement dix délivrés.

L'AMC-35
AMC 35 conservé au musée de blindés de Saumur

Les chars lourds Renault B

Peut être le plus connu de chars Français de cette époque est le Char B, qui va connaître le dévelopement le plus long et coûteux dans l'entre-deux guerre. Projet fétiche du Général Estienne qui commande des prototypes de son char de rupture à Renault, mais aussi FAMH, Schneider, Delaunay et FCM. Au final, la construction du B1 sera sanctionnée par la Commission de Vincennes en 1934, mais la délivrance avec les tourelles APX-1 n'intervient qu'en 1936, alors même que le B1 bis amélioré est commandé avec la tourelle APX-4. La production reste lente et on estime qu'envuiron 200 étaient service en Septembre 1939, mais du fait d'efforts de coordination important, elle augmente durant le drôle de guerre et atteint finalement 369 unités.

Prototype SRA
Le prototype de char de bataille SRA, par Renault en 1924.

Le B1 est un char "universel" avant la lettre dans le sens ou bien qu'il soit principalement utilisé avec l'infanterie pour réduire les ouvrages fortifiés grâce à son howitzer en caisse, il dispose de moyens antichar grâce à son canon de 47 mm en tourelle (en mai 40, la version longue sera adoptée). La suspension du B1 est assez remarquable. Du fait que le canon en caisse ne dispose que de hausse, l'orientation doit être menée grâce à celle de la caisse, et on confie la tâche au conducteur, qui oriente le véhicule très finement grâce à une suspension innovante avec un système oléo-pneumatique et électrique complexe. Il sera également redouté par les Allemands, à juste titre, par sa protection. Son blindage frontal est de 60 mm. Les obus de 37 mm du canon antichar standard PAK 37 Allemands ne font que ricochet. Par dérision ils sont appelés par les Anglais "door-knockers" car ils ne font que signaler leur présence sans occasionner de dégâts. Au début de la guerre les B1 sont affectés aux Divisions Cuirassées de Réserve, qui devaient intervenir après la percée.

B1
Char B1 Mle 1937 “Poitou”, 5 DCR, 3e Armée, offensive de la Sarre, Septembre 1939

B1bis
Char B1 bis avec la tourelle APXR canon long SA35, De Gaulle 4e DCR, Bataille de Moncornet, 17 Mai 1940.

B1bis Bourrasque
Char B1 bis N°257 "Bourrasque", 2e Section, 1ere Compagnie, 15e Battalion, 2e Division Blindée, Mai 1940.

B1bis Nivernais
Char B1 bis "Nivernais II", 2e Section, 3e Compagnie, 37e BCC, 1ere Division Blindée, Juin 1940.

Toutefois durant la campagne de mai-juin 1940 l'action des B1 n'est pas à la hauteur des espérances de ses concepteurs, là encore, la faute revenant à un déploiement calamiteux, exception faite peut-être de de Gaulle avec sa 4e DCr contre Montcornet, point de transit de la 1er division de Panzers. Les Allemands tiennent le village, qui est emporté. De Gaulle à a sa disposition 85 chars, et parvient à prendre le village malgré les nombreux canons antichars en défense. Des B1 sont abandonnés faute de carburant, d'autres s'enlisent dans des marais, et 23 sont perdus. Une offensive par des D2 à Clermont-les-Fermes tourne court et les B1 qui s'égarent sont détruits par des 88 Allemands. Outre la 4e DCR, les autres B1 sont répartis entre 347e, 348e, 349e, 352e and 353e Compagnie Autonome de Chars mais sont mal employés, manquent de cartes, d'essence. Ils recoivent cependant des radios ER53 mais souffrent des mêmes problèmes que les chars à tourelles personnelles: Le commandant de char ne peut efficament discuter à la radio, communiquer avec le leader, surveiller les alentours, donner ses ordres, et tirer avec un canon et une mitrailleuse qu'un commandant de char Allemand monotâche.



B1 ter
Char B1 ter.

Les B1 se distinguent aussi à Laon (mais se voient anéantis par la Luftwaffe), et combattent avec âpreté à Stonne et à Hannut. A Stonne en particulier, le char "Eure" de Billotte entre sans soutien dans Stonne, détruit une colonne entière de char Allemands et neutralise les canons antichars puis se retire sans dommage, avec plus de 100 impacts. Rapidement toutefois, les Allemands, d'abord effrayés par ces chars, trouvent une parade. Ils attaquent par groupes et "saturent" chaque B1 individuellement en se coordonnant, et tirent sur les points faibles vite connus comme la grille de ventilation latérale. Ils utilisent la Luftwaffe et des tirs de Howitzer, et le canon de 88 mm lorsque c'est possible. Beaucoup de B1 sont tout simplement abandonnés faute de ravitaillement, et de pièces de remplacement, d'huile, de pannes de transmission. 141 seront capturés après l'armistice, en bonnes conditions.



La production du B1 par FAMH, AMX, Renault, et FMC atteignent 369 le 25 juin 1940 sur une commande de 1000 réduite à 400. En mai la production avait atteint 41 par mois. Un nouveau design, le B1 ter, à l'étude dès 1935 mais reporté, passait outre le complexe système Naëder pour orienter la caisse. Il était protégé par des plaques de blindage latérales en biseau de 70mm d'épaisseur, des tunnel moulés pour protéger les chenilles, et une nouvelle boîte de vitesses mécanique. Le B40 sur papier lui devait avoir un blindage frontal de 80mm. Une partie des plans et études seront repris pour l'ARL-44. Les Allemands vont mettre la main sur 161 chars B, appelés Panzerkampfwagen B-2 740(f) et dispatchés sur tout le territoire, certains envoyés sur le front Russe en 1941. Des B1 Allemands étaient présents à Paris en Août 1944. Certains sont capturés et réutilisés par les FFI, notamment plus tard dans la poche de Royan. Des conversions sont également effectuées, 60 Flammwagen auf Panzerkampfwagen B-2 (f) lance-flammes utilisés sur le front de l'est et 16 convertis en canons autoportés avec le 105 mm (4.13 in) howitzer.

B1 bis FFI
Char B1 bis utilisé par les FFI, Paris août 1945.

B2 flammpanzer
Flammwagen auf Panzerkampfwagen B-2 (f), Front de l'est, 1942


Le Somua S35

Sans doute l'un des meilleurs chars au monde en 1936, avec sa coque moulée, ses performances, sa protection et son armement, il va même intéresser les Américains travaillant sur le Sherman. Défini comme un char de cavalerie son rôle était de profiter d'un brêche créé par des chars de rupture puis de s'engager profondément en arrière des lignes ennemies, créant la confusion, et détruisant toutes les cibles d'opportunités, postes d'artillerie, dépôts, etc. Près de 440 furent disponibles durant la campagne de France et malgré leurs avantages sur le Panzer III Allemand, les S35 sont gâchés par les décisions ineptes du commandement.

Somua S35 Saumur

Somua (Société d'outillage mécanique et d'usinage d'artillerie) était une firme subsidiaire de Schneider-Creusot, Saint-Ouen, près de Paris. La firme avait une expertise dans la fonderie et les véhicules, produisant à partir de 1930 des camions et half-tracks principalement utilisés par l'armée. Durant la première guerre mondiale avait déjà produit des chars Schneider CA et Renault FT. La création du S35 fait écho à la nouvelle spécification du 26 Juin 1934 pour une "automitrailleuse de découverte" (AMC) mieux protégée et plus lourdement armée, assorti d'un contrat le 26 mai 1935 pour un prototype, testé à l'été 1935 et ensuite accepté en service comme l'Automitrailleuse de Combat modèle 1935 S. En 1938 alors que le prototype amélioré de présérie AC4 est testé, le S35 reçoit une commande de 450 chars, pratiquement honorée avant la cessation des hostilités. Le S35 dispose de la tourelle APX1 équipée du canon court 47 mm SA 34 (premier batch de 50 en 1938-39), tandis que le gros de la production reçoit le canon long SA35.


S35 au musée de Bovington

La première unité opérationnelle est le 4e Cuirassiers, en 1936. En 1938, les tourelles ne suivaient pas et seulement 91 chars étaient complets. Au 1er septembre 1939, 270 chars avaient été produits, 246 délivrés mais seulement 191 opérationnels, les autres au dépôt ou en réfection. l'ordre total fut porté à 824 les derniers devant être des S40 améliorés. Au final 440 seront délivrés en juin 1940. 288 étaient en ligne au sein des Divisions Légères Mécaniques. Ces chars seront ensuite répartis entre la 4e DCR de De Gaulle (39) des 3e Cuirassiers, 10 pour la 4e DLM, 25 pour les Corps-francs Motorisés. Un certains nombre seront également affectés aux 1er, 2e, 3e DLM. Ceux des 2e et 3e DLM se battent entre Louvain et Namur, et participent à la grande bataille de Hannut les 13-15 mai. Une feinte Allemande à Namur fit que le commandement lança la 1ere DLM dans une course vers le Nord pour aider les Hollandais, puis par contre-ordre vers le sud de nouveau, perdant de nombreux chars dans la confusion suite à des pannes. Ce qui en restait fut détruit par la 5e Panzerdivision le 17 Mai, puis les autres DLM furent utilisées pour des combat d'arrière garde et perdirent de gros des effectifs à la bataille d'Arras.


Un Somua capturé servant avec la Wehrmacht (Bundeswehr): Des S35 combattent en Finlande, à Sébastopol, en Normandie, en Yougoslavie.

Après l'armistice, 33 sont envoyés par Vichy en Afrique de l'ouest. Ils participeront au sein du 12e régiment de Chasseurs d'Afrique à la campagne de Tunisie au côté des alliés. Après la libération en 1944, 17 sont affectés au 13e Régiment de Dragons. Les Allemands vont mettre la main sur la plupart des S35, réparés et remis en conditions (certaines sources parlent de 297). La plupart des Panzerkampfwagen 35-S 739(f) reçoivent une nouvelle coupole de chef de char. Ils servent au sein de la Panzerbrigade 100. Ceux du Panzer-Abteilung 211 sont envoyés en Finlande en juin 1941. Un certain nombre sont aussi affectés à la 22e Panzerdivision qui combat à Sébastopol en 1942. D'autres servent en Normandie à l'été 44, le 100e Panzer Ersatz und Ausbildungs-Abteilung et le 206e Panzer-Abteilung. La 7e SS-Freiwilligen-Gebirgs-Division "Prinz Eugen", 12e Panzer-Kompanie z.b.V. et I./Panzer-Regiment 202 s'en servent en Yougoslavie. 40 sont confiés aux alliés, l'Italie, la Bulgarie et la Hongrie.

Parmi les projets dérivés du S35 figurent le chasseur de char SAu 40 avec un 75 mm long en casemate et le nouveau 47 mm SA 37 en tourelle, le S40 doté d'une tourelle ARL 2C agrandie avec canon long de 47 mm, le char étant constitué de 18 sections pré-assemblées et de suspensions améliorées. Un protocole de production (annulé par Hitler) par Otto Abetz prévoyait même une production de 800 S40, 200 devant être livré à Vichy et le restant à la Wehrmacht. Le SARL 42 suivant planifié par Vichy devait être équipé d'un canon de 75 mm L/32 ou L/44 avec un télémètre optique.

Planche de profils (cdts tank encyclopedia)


Somua du 4e cuirassiers en manœuvres, 1937


Bataille de Hannut, première armée Billotte, 13-15 mai 1940


De Gaulle 4e DCR, Contre-offensive de Montcornet, 17 mai 1940


Les nouveaux chars légers Français

En 1935, avec le réarmement Allemand, des spécification sont émises par l'armée pour un nouveau char léger devant remplacer en masse le vieux Renault FT. Trois firmes répondant à l'appel vont se voir décerner des ordres importants (plus de 2000 unités): Renault et son R35, Hotchkiss et son H35 et le FCM36 par les Forges et Ateliers de la Méditerranée. Bien mieux protégés et mieux armés que le FT, mais préservant une équipage de deux hommes, ces chars restent lents et leur canon court SA17 n'est de peu d'utilité contre les chars Allemands. On réarme à la hâte un certain nombre avec des canons longs SA38 de 37mm, mais pas assez pour faire face aux chars Allemands. Leur déploiement prévu pour la guerre de tranchées est un désastre et un grand nombre seront capturés quasi intacts et réutilisé par l'Allemagne et ses alliés, notamment convertis en artillerie portée et chasseurs de chars.


Sans doute le plus étrange des chars légers français de cette époque, seulement 100 FCM-36 seront produits et acceptés en service.

Le FCM-36

En Mars 1934 les Forges et Ateliers de la Méditerranée (FCM) utilisant leur expertise dans le soudage électrique et expérience avec le char géant 2C proposaient à l'armée un modèle pour approbation. Un prototype suivit le 2 avril 1934, approuvé par la Commission de Vincennes. Il étonnait face à la concurrence avec un moteur diesel et un blindage en pente par section unique à l'époque. Toutefois son poids de 10 tonnes et ses problèmes mécaniques le renvoyèrent à l'usine pour une modification complète. Il fut retesté fin 1935, puis de décembre à mai 1936 avec des modifications de suspension et approuvé avec un blindage renforcé de 40 mm. Il entra en production avec une première commande de 100 exemplaires, étant le favori de la commission à l'époque.

Ces derniers ne furent délivrés qu'en 1938 (délai pour modifications finalement non implémentées) l'armée commandant deux autres batch de 100 exemplaires, mais le 13 Mars 1939 FCM annonçait revoir son prix à 900,000 Frs (le double d'origine) bien qu'il soit question d'adopter aussi la tourelle FCM pour les autres blindés légers. Les ordres furent annulés. Le FCM était propulsé à 24 kmh par un V-4 91 hp Berliet qui donnait un rayon d'action de 225 km. Ses suspensions étaient rustiques mais anciennes. Sa protection était bonne, mais son armement était médiocre, avec en standard le 37 mm SA18 court. Ces blindés équipaient le 4e et 7e BCL ou Bataillon de Chars Légers qui s'opposèrent avec vaillance mais sans espoir sur la Meuse au XIX Corps d'Heinz Guderian le 14 Mai 1940 après sa percée des Ardennes.


FCM 36 en mai 1940


Le Renault R35/40

Ce char d'infanterie voit son origine dans le concours du char de 6 t du 2 août 1933, le premier prototype est testé en août 1934, et après modifications est adopté par l'armée française le 25 juin 1936, puis produit jusqu'en 1940, avec au 1er mai environ 1 460 chars, 1 540 au 22 juin. Le type R40 est développé avec suspension AMX à compter de mai 1940. Entre temps le R39 apparaît comme une version réarmée avec le canon long SA/39. Les composants et le moteur sont conçus par Renault mais le montage est effectué par AMX. Le R35 est un char léger avec deux hommes d'équipage, conducteur et chef de char en tourelle moulée standard APX-1. Le chef de char est aussi canonnier (canon court SA18) et mitrailleur coaxial et doit communiquer avec les autres chars et le chef de section par fanions. Il reste généralement assis à l'arrière de la tourelle, à moitié exposé. Dut fait de ses spécifications comme char d'infanterie léger, le blindage était privilégié (frontal 43 mm) au détriment de la vitesse: 20 km/h sur route, du fait d'un vaillant mais petit 85 cv donnant 7,7 ch/tonne, et un rayon d'action de seulement 140 km, réduit en utilisation tout-terrain intensive.


Char Renault R35 à Saumur

Une fois en service il est découvert que le train de roulement Hortsmann présente de nombreux problèmes de fiabilité. Le R40 règle ce problème mais arrive trop tard. La maintenance est intensive, avec un graissage tous les 300 km, une vidange du moteur toutes les 30 heures et remplacement de la boîte de vitesses tous les 2 000 km. La grande majorité des R35 est dispersée selon la doctrine Française en vigueur lors des combats et les pertes sont considérables. Même si le canon de 37mm long SA38 est un progrès la vélocité du projectile qui porte à 600-800m n'est que de 700 m/sec. l'Obus de rupture Mle1938 est capable de percer 30mm incliné à 30°, à 400m. Toutefois la majorité restent des R35, les Hotchkiss recevant la priorité pour ce canon (610 H39 délivrés). 843 R 35 seront capturés et 131 en service comme Panzerkampfwagen 35R 731 (f) pour des opérations de police ou des opérations de défense côtière, 124 à l'Italie et 124 à la Bulgarie et 174 convertis en chasseurs de chars Panzerjäger 35R (f) mit 4,7-cm-PaK 36(t)). Il est à noter également que seuls 1 063 étaient disponible pour la défense nationale, environ 80 pour la défense territoriale, et 125 pour les colonies dont 30 au Maroc et 95 au Levant/Syrie.


Char du 20 BCC

Char modele 39 avec queue de franchissement, 10e BCC mai 1940

Char Renault R40 en mai 1940

R35 en service avec les Italiens, Division Ariete, Sicile Mars 1943


Le Hotchkiss H35/H39

Grand rival du R35, le Hotchkiss est issu d'une spécification de 1926 pour un Char d’accompagnement produit en masse. En juin 1933 un prototype développé en privé par Hotchkiss fut présenté au Conseil Consultatif de l’Armement. In présentait notamment une coque entièrement en acier moulé préfabriqué en trois sections. Le second prototype avait un blindage de 30mm et une simple mitrailleuse, revu en août 1935 avec cette fois 40 mm de blindage et la tourelle standard APX-R. Approuvé en Novembre un ordre fut passé pour 1200 blindés. Les premiers montraient des signes de faiblesse moteur, atteignaient 28 kmh, avaient une tenue de route médiocre et furent refusés après réception par l'armée, ce fut la cavalerie qui se réceptionna en attendant le S35.


H39 à Saumur, avec la tourelle modifiée par les Allemands

La production s'arrêta fin 1937 aprés 400 exemplaires (intégrés dans les DLM), les suivants étant revus et devenant le H39, donnés aux BCC (attachés à l'infanterie). Le H39 était pourvu d'un nouveau moteur Hotchkiss 6-cylindres 5.97 litres produisant 120 cv à 2800 t/min pour 36,5 kmh le rayon d'action passant à 150 km. Plus important encore, le H39, d'abord pourvu du SA18 était réarmé avec le canon SA38 de 33 calibres. Les derniers étaient encore produits avec les Allemands pratiquement aux portes de l'usine. Douze H39 participèrent aux opérations en Norvège (342nd CACC) pour être ensuite rapatriés en Angleterre et former le noyau dur des FFL de De Gaulle, combattant au Gabon et Syrie. En France en mai-juin 1940 360 Hotchkiss équipaient huit bataillons de chars de combat. Ils étaient appairés aux chars S35 (H35) et B1 (H39), et étaient équivalents au combat aux chars Allemands d'origine tchèque Panzer 38(t), cependant leur déploiement et manque de communication, firent des ravages.


H39 et S35 en service avec l'armée Allemande à Paris

Certains servirent avec Vichy en Afrique du Nord (Operation Torch, 1942) contre les Forces Américaines. Trois servirent avec les Polonais en Septembre 1939, et deux vendus à la Turquie en 1940. Seront capturés environ 550 de ces blindés. Souvent la tourelle était modifiée pour recevoir une simple écoutille à la place de la coupole, la trappe/siège arrière étant soudé. Ces derniers seront désignés Panzerkampfwagen 35H 734(f)et Panzerkampfwagen 38H 735(f) et utilisé pour les missions de police en France, les Balkans, et même en Russie. D'autres serviront de ravitailleurs (sans la tourelle) Artillerieschlepper 38H(f), en lance-roquettes mobuiles Panzerkampfwagen 35H(f) mit 28/32 cm Wurfrahmen, chasseurs de chars Marder I ou 7,5 cm PaK40(Sf) auf Geschützwagen 39H(f), tandis que le Commando becker en Normandie en faisait des canons autoportés 10,5-cm leFH 18 (Sf.) auf Geschützwagen 39H(f) et des véhicules d'observation Panzerbeobachtungswagen 38H (f).


H35 de la 4e Cuirassiers, 1ere DLM, régiment "Jeanne d'Arc" en mai 1940

H35 modifié 38 en mai 1940

H35 modifié 38 de commandement avec queue de franchissement

H39 opérant avec la 1ere DCR, 25e BCC. Ces chars étaient livrés en vert olive

Panzerkampfwagen 35H(f) mit28-32cm Wurfrahmen

Les chars de ravitaillement Français

Deux modèles sont produits en grande série pour les ravitaillement des tranchées: La tankette Renault appelée Renault UE Chenillette (plus de 5000 produites) et le Lorraine 37L. La guerre mobile fait que la plupart seront utilisés par des unités d'infanterie en juin 1940. La masse capturée est réutilisée par les Allemands en de nombreux types, variantes et dérivés. Le lorraine servira notamment de base pour le chasseur de chars Marder I.


Renault UE - Musée des Blindés

Renault UE

Près de 5000 de ces chenillettes seront construites par Renault. Le projet de départ devait être un tracteur de mortier Brandt et la Commission de Vincennes étudia les tankettes Britanniques Mark VI. Renault proposa six prototypes, de même que Brandt, et sera choisi pour 50 véhicules de production dénommé Renault UE ou Chenillette de ravitaillement d'Infanterie Modèle 1931 R, capable de tracter un mortier Brandt et les munitions dans une benne à l'arrière tandis que l'équipage avait les têtes protégés par des coupoles blindées rotatives. Les spécifications changeront encore en 1937 avec d'autres concurrents en lice comme Fouga et Hotchkiss. Lorraine emportera le contrat avec sa chenilette 37L (630 produites jusqu'en 1942) tandis que l'UE2 de Renault était choisie pour la production de masse jusqu'à la capitulation.




Différents véhicules UE1 et UE2 de production

UE2 de fabrication tardive, armée d'une MAC 7.5mm

UE2 avec son chariot UK



UE2 Schlepper630(f) et Sicherungsfahrzeug UE(f) de la Luftwaffe.


Renault UE2 avec chariot UK - musée des blindés de samur

Le véhicule roulant à 30 kmh (moteur Renault 38 cv) n'était pas armé et blindé légèrement (balles de mitrailleuses), 950 kgs avec une charge utile de 350 entre la benne et le chariot tracté UK. La fin de production en mai 1940 verra la tentative de produire des versiosn armées d'une mitrailleuse 7.5 mm MAC. La chenillette UE sera également produite en Roumanie (126), exportée en Chine, et certaines capturées en Indochine serviront avec les Thailandais. L'Armée Allemande va mettre la main sur plus de 2000 véhicules, et les utiliser d'abord comme ravitailleurs, Infanterie UE-Schlepper 630(f), capable de tracter des canons de 37, 50 et même 75 mm grâce aux modifications adéquates. Près de 700 furent convertis en Selbstfahrlafette für 3.7 cm Pak36 auf Renault UE(f) avec le canon de 37 mm autoporté depuis l'espace arrière, les servants suivant à pied. 40 seront convertis en Selbstfahrlafette für 28/32 cm Wurfrahmen auf Infanterie-Schlepper UE(f) lance- roquettes, le Mannschaftstransportwagen Renault UE(f) transport de troupes, le Gepanzerte-MG-Träger Renault UE(f) armé de patrouille, le Sicherungsfahrzeug UE(f) assurait la défense des bases aériennes de la Luftwaffe, et le Kleiner Funk- und Beobachtungspanzer auf Infanterie-Schlepper UE(f) était un véhicule de réglage d'artillerie; Les Italiens reçurent 65 véhicules, utilisés en Sicile. Les Polonais en 1940 l'utilisèrent aussi (1er et 2e Grenadier de division d'infanterie).


Version courte du 37L

Lorraine 37L

Issue de spécifications de 1937, le Lorraine restait une chenilette de 6 tonnes, en deux versions, courte et longue (deux ou trois bogies). Ce sera le gagnant d'une compétition en 1936 de la commission de Vincennes pour une chenillette blindée de ravitaillement en carburant devant opérer avec les unités de chars. Appelé Tracteur de ravitaillement pour chars 1937 L, le véhicule sera produit environ à 490 véhicules en juin 1940 (démarré en Décembre 1939). Il n'était pas armé et roulait avec un vaillant moteur Delahaye type 135 6-cylindre en ligne de 70 cv à 35 kmh. Il pouvait embarquer 810 kg de munitions plus 690 kg dans son chariot tracté de 565 litres. Organique au sein des unités blindées de cavalerie et d'infanterie, Bataillon de Chars de Combat et pelotons de reserve. Les BCC avec le chars B1 avaient des 27 TRC 37L supplémentaires (réservoirs plus gros).


Transport de Troupes VBCP 38L

Les divisions légères mécaniques ou DLM de la cavalerie avaient 24 véhicules chacune, de même que les compagnies indépendantes. Sur le plan tactique cela marchait, les véhicules allant après leur opérations au camion-citerne pour leur propre ravitaillement. Mais lors des mouvements tactiques de grandes distances, les camions citernes ravitaillaient directement les chars. La variante Lorraine 38L appelée Voiture blindée de chasseurs portés 38L (240 produits) embarquait 12 hommes, agissant comme les panzergrenadiers. C'était le premier véhicule de transport de troupes chenillée de l'armée Française. Ils formaient un Bataillon de Chasseurs Portés au sein d'une Division Cuirassée. Deux unités seront formées en 1940, au sein des 1ere DCr et 2e DCr. Le VBCP 39L était un prototype de transport amélioré et un dérivé de chasseur de char armé d'un SA 47 à l'arrière sera testé.


Lorraine 37L "long"; Il apparait que la plupart étaient peints en gris artillerie, puis avec un camouflage de tâches terre de sienne.

La production continuera sous Vichy (630 environ au total depuis 1939). Mais les Allemands en captureront la plupart, convertis pour leurs besoins dans les variantes suivantes:

-Lorraine Schlepper (f): Tracteur pour des pièces de 37 à 75 mm PAK 42
-Gefechtsfeld-Versorgungsfahrzeug Lorraine 37L (f): Ravitailleur
-Munitionstransportkraftwagen auf Lorraine Schlepper: Ravitailleur de munitions
-7.5 cm PaK40/1 auf Geschützwagen Lorraine Schlepper (f): Chasseur de chars Marder I, 170 convertis par le Baukommando Becker
-15 cm sFH13/1 (Sf) auf Geschützwagen Lorraine Schlepper (f): Artillerie autoportée, 94 convertis
-10.5 cm leFH18 (Sf) auf Geschützwagen Lorraine Schlepper (f): Idem, 12 convertis
-Beobachtungswagen auf Lorraine Schlepper (f): Observation d'artillerie
-12.2 cm Kanone (r) auf Geschützwagen Lorraine (f): "Parasite" de train blindé


Les SdKfz 135/1 (105 mm) serviront en Afrique du Nord, les autres en Russie, de même que les Marder, et en Normandie en 1944.

Les Voitures blindées et half-track Français

Utilisant plusieurs modèles à l'arrière du front durant la grande guerre, la France poursuit la conception de voitures blindées durant l'entre-deux guerres. On distingue deux types: Les half-tracks à chenilles de reconnaissance (rendus célèbres par la croisière jaune) comme le Citröen-Kégresse P28, Schneider-Kégresse AMC P16 qui vont intéresser les Américains (les chenilles vont être copiés sur les M2 et M3 produits en masse durant la guerre), et les véhicules à roues, comme les Panhard 165, 175, 178, 179, les véhicules 6x6 Laffly comme le S15 TOE et le chasseur de chars W15 TCC, ou encore le recyclage de véhicules anciens, comme les Laffly AMD50 et 80.

White-Laffly AMD 50

Une centaine de voitures blindées White furent achetées par les Français et utilisées durant la grande guerre, les chassis étant reçus neufs et carrossés par Ségur & Lorfeuvre. En 1926, le châssis avait fait son temps, mais la carrosserie blindée restait en bon état. Il fut décider de les transplanter sur des chassis neufs Laffly LC2, le travail commençant en 1931 et se terminant en 1934 avec environ 98 véhicules convertis. La coque avait une épaisseur de 7 mm, avec un unique compartiment pour le conducteur, chef de véhicule et une large tourelle suffisante pour deux opérateurs, avec un canon SA18 de 37 mm et une mitrailleuse 7.5 mm (0.295 in) FM 24/29 en ports opposés.

White-Laffly AMD 50 - credits David haugh, warwheels.com

Les White-Laffly AMD 50("Auto-Mitrailleuse de Découverte") étaient utilisés par la cavalerie. Avec l'arrivée de modèles plus modernes, ils furent graduellement envoyés dans le colonies jusqu'en 1939. Un peloton servait avec la garnison de Shanghai, un autre en Indochine, le restant opérant en Algérie et Tunisie. Un seul groupe, le 4e GRDI attaché à la 15e DIM servit en France en 1940. La carrière des véhicules d'Arique du Nord prit fin en novembre 1943 avec l'arrivée de nouveaux véhicules Américains avec la 1ere armée, notamment les M8 Greyhound.


White Laffly AMD 50 servant avec Lyautey au Maroc en 1932

White-Laffly AMD 80



White-Laffly AMD 80 en AFN - Photo SE

Les White-Laffly AMD 80("Auto-Mitrailleuse de Découverte") étaient à la base des véhicules dont le chassis White datant de la grande guerre avait vécu. Disposant de la même caisse blindée près d'une centaine de véhicules furent convertis sur chassis Laffly. L'AMD 80 en revanche reçut une toute nouvelle caisse blindée modernisée et un chassis Laffly LC2. Conçu pour la cavalerie opérant en Afrique du nord les 28 Laffly 80 convertis disposaient d'une nouvelle tourelle armée d'une mitrailleuse lourde de 13.2 mm et en port arrière d'un double affût de FM M26/29 7.5 mm. Le blindage était renforcé, allant de 8 à 20 mm à l'avant. Avec on moteur 4-cyl essence refroidi par liquide développant 80 hp (58.8 kW) pour 7.5 tonnes en revanche, l'AMD 80 évoluait à près de 80 km/h sur le plat. Toutefois les performances tout-terrain étaient limitées, les véhicules ayant des suspensions avec ressorts à lames et traction avant. Les véhicules combattirent en 1943 les forces de l'axe en Tunisie, 1er Régiment de cavalerie étranger et 4e Régiment de Chasseurs d’Afrique mais avant d'être remplacés en France par le Panhard AMD 178, ils étaient affectés aux 6e et 8e Régiments de Cuirassiers. En 1940 ils passaient au 8e Régiment de Chasseurs d’Afrique; puis revinrent au 4e le temps d'une parade et de prendre leur retraite.


White Laffly AMD 80 avec les chasseurs d'Afrique, Tunisie 1943.

Citroen-Kégresse P28



Le programme officiel AMR (Auto Mitrailleuse de Reconnaissance) reçoit une réponse de Citroën, allié avec Adolphe Kégresse, l'inventeur d'un système de chenilles souples, légères, adaptées à des véhicules légers (il convertit en half-track plusieurs véhicules Russes avant et durant la grande guerre). Revenu en France, il travaille avec Citröen sur des modèles de half-tracks qui se feront connaître avec la croisière noire (1925), la croisière jaune (1931), et enfin la croisière blanche (1934). L'armée est intéressée par leurs performances tout-terrain. En réalité le vrai vainqueur est le Citroen-Kégresse P17, non blindé. Le Citroën/Unic P107 et le Somua MCG sont également équipés du même système. En 1931, Citroën propose un premier prototype blindé pour le programme AMR, vite abandonné et remplacé par un nouveau modèle en 1932, le P28. L'engin à des défauts de motorisation et de chenilles et ne parvient réellement à s'imposer qu'après la modification complète des 50 exemplaires délivrés en 1933, lorsqu'il est enfin accepté en service. Arrivé plus tôt, l'AMC Schneider P 16 n'était guère plus convaincant. Le P28 sera retiré du service apparemment en 1940.

Le P28 était long de 4.00m, large de 1.63m et haut de 1.96m avec une garde au sol de 0.23m, armé d'une 1 mitrailleuse MAC de 7.5mm, propulsé à 50 kmh par un moteur 67cv Citroën, pour un poids de 4.54 t et un blindage de 8 mm (13 mm avant?), et un équipage de 2 hommes, le conducteur et mitrailleur.

Schneider-Kégresse P16


1st GRDI, Nord de la France en mai 1940.

Dès 1922, Citröen commença à travailler sur le 10cv P4T pour un modèle militaire, ce qui donnera une production d'essai de 16 véhicules Modèle 1923, et en 1925 commença à travailler sur un modèle agrandi et amélioré pour la cavalerie, le Schneider P16 M28, nommé d'après son moteur Panhard 16CV. Le train roulant et les suspensions sont très améliorées. Il sera remplaçé plus tard par le Panhard 17CV 4-cylindres essence, 3.2 L, 60 cv qui permettait au véhicule de rouler à 50 kmh sur route et 28 km/h en toute-terrain (pour 6.8 tonnes). Le blindage riveté comprenait des plaques de 6 à 11.4 mm d'épaisseur. L'armement comprenait 1 canon standard de 37 mm SA18 Puteaux et deux 7.5 mm (0.295 in) Mitrailleuses jumelées Reibel. Il était long de 4.83 m, large de 1.75 m et haut de 2.60 m.

Le véhicule, qui possédait également un rouleur de tranchée à l'avant sera produit à hauteur de 100 exemplaires, versés en service en 1932 aux “Escadrons d’Automitrailleuses de Combat” organiques aux unités de cavalerie. Ils rejoinrent ensuite la 1ere Division Légère Mécanique (1e DLM), puis en 1937, 14 joignirent le 2e Régiment de Chasseurs d’Afrique en Tunisie, tandis qu'environ 54 servaient lors de la campagne de France au sein des GRDI.

Laffly S15 TOE


S15 TOE en Syrie, 1941.

Laffly produisait des véhicules pour l'armée depuis quelques années, en particulier des half-track, et leur camion 6x6 donnant le Laffly S15T (tracteur d'artillerie), S15R (Reco), S15T (Tracteur pour le 47 mm canon AT) ou S15L, l'ambulance. Sur cette base, la compagnie répond à une spécification de 1933 pour un véhicule blindé pour les Théatre d’Operations Extérieur (d'où le sigle TOE). Testé avec succés en 1934, un ordre est placé en 1936 et la production se déroule de 1937 à 1939 avec 45 véhicules, protégés par 7 mm de blindage, avec une toutelle hémisphérique pour une mitrailleuse Reibel 7.5 mm. Les TOE servent en Tunisie avec les Tirailleurs et quatre sont capturés par les Italiens qui les réutilisent au sein du RECAM (Raggruppamento Esplorante del Corpo d’Armata di Manovra). Ils sont réarmés avec une mitrailleuse 8 mm Breda 38 en tourelle et une 13 mm lourde en benne arrière.


W15 TCC blindés en essais au camp de Mailly, Avril-Mai 1940.

Laffly W15 TCC


W15 TCC en configuration originale partiellement protégé


W15 TCC prototype blindé de 1940, jamais produit en série.

Basé sur le chassis légèrement modifié W15T, toujours pourvu de roulettes de tranchées à l'avant et de traverse derrière l'axe avant, le W15TCC pour Tracteur Chasseur de Chars procédait d'une idée tardive de l'inspecteur Keller pour bénéficier d'une artillerie antichar autoportée. Le canon était placé sur la baie arrière, un très efficace 47 mm SA mle 1937 capable de détroire n'importe quel char Allemand en service. La pièce était protégée par un bouclier avec -13°/+13° d'élévation et 60° d'azimuth pour l'affût. Le prototype était entière blindé avec une caisse rivetée et fut testée avec succès au Camp de Mailly en mai 1940. malheureusement la conversion ne pourra pas se faire du fait du refus de Gamelin ayant d'autres priorités et les 60 W15 TCCS délivrés le seront sans blindage (uniquement la pièce). En opération les TCC sont déployés avec succès au sein des Batteries Antichar Automotrices (BACA) n°51 à 61 des 11e RA et 305e RA2, 10e batterie. Ceux qui ne sont pas détruit ou perdus au combat (pannes ou abandon également) sont capturés par les Allemands qui en convertissent un certain nombre avec un blindage proche du SdKfz 250 sous le nom de leichter radschlepper w15t, avec un axe simple à l'arrière.

Panhard 165/175


Panhard 165


Panhard 175

Panhard avait déjà produit des pièces et plaques pour des automitrailleuses de l'armée pendant la grande guerre. En 1930, la firme au bouquetin (symbole de son agilité en tout-terrain) présentait sur la base du chassis 16 cv X46 1926 un véhicule militaire tout-terrain conçu pour les TOE (Théatre d’Opérations Extérieur). Il succédait au Panhard AM20, rival du Laffly AMD 50 pour les unités de cavalerie des TOE, avec de bien meilleures performances hors-routes. Le premier modèle (165) sera utilisé au Maroc pendant la guerre du Rif, le second (175) fut modifié à la lumière de l'expérience des combats. Le Panhard 165 avait une caisse rivetée de 4 à 6 mm d'épaisseur, et un 4-cylindre Panhard 86 hp. L'équipage comprenait donc un conducteur, assistant conducteur/mécanicien, un chef de véhicule/radio et un canonnier-mitrailleur en tourelle. Le Panhard 165 pesait 6750 kg, long de 5.43 m et haut de 2.76 m, un certain avantage car la tourelle était coiffée d'un poste d'observation en arrière du poste de tir. L'axe arrière était double (deux roues) avec des pneus nettement plus larges qu'à l'avant. Son vaillant moteur lui permettait d'atteindre 75 km/h sur le plat et environ 31 km/h hors piste, avec un rayon d'action d'environ 600 km grâce à l'emport d'un réservoir de 170 litres monté près du moteur. Le train comprenait des suspensions à ressorts à lames, avec une monte de pneus antiballes Veil-Picard.


Panhard 175 de commandant d'escadron

60 Panhard 165 furent construits, dont 30 furent ensuie modifiés, devenant le Panhard 175. En opérations, Le 165 avait un canon de 37 mm SA 18 L/21 couplé avec une mitrailleuse Châtellerault FM 24/29 7.5 mm, et plus tard MAC 31. Le Panhard 175 avait des suspensions renforcées, et double compartiment de conduite (avant et arrière) pour changer de sens (un emprunt des véhicules de cette époque conçus pour le contrôle des foules en milieu urbain) et des radios ER 26 ter pour les commandants d'escadrons, portant à 60 km en statique. Un Transport de troupes, le Panhard 179, en sera dérivé. Ces véhicules servirent en Afrique du nord, graduellement remplacés par le Berliet VUDB plus moderne. Le Panhard 175 fut engagé au combat au Maroc, en Syrie et en Tunisie jusqu'en 1944. Des véhicules Américains les remplaçèrent. Il ne reste plus de véhicule survivant de ce type, vite éclipsé par l'excellent Panhard 178. Une unité typique comprenait une dizaine de Panhard 179 transport de troupes et un escadron de trois Panhard 175 en tête, dont le véhicule radio du commandant d'unité.

Panhard 179



Le Panhard 179 partagait ses éléments mécaniques avec le Panhard 175. Il fut élaboré en 1934 suite à la demande de l'armée pour les TOE (les escadrons de patrouilles d'Afrique du Nord). La partie arrière était entièrement reconstruite avec une cabine assez vaste pour 6 soldats équipés, en plus du chef de véhicule et du conducteur. Son seul armament était une mitrailleuse MAC 31 ou FM 24/29 de 7.5 mm à droite du surplomb de la cabine arrière. La production est difficile à cerner, 30 véhicules selon certains sources, mais Panhard à effectivement produit 12 véhicules (conversions?) envoyés pour servir avec le 1e REC, puis en Juin 1940, le 1er RCA opérant au Maroc.

Panhard 179


6th GRDI, 2e escadron mai 1940

Tourelle Restany 47 mm, 1ere DLC Juin 1940

Version ZT-2 au Vietnam, 1941. Une sera capturée par les Japonais.

178B/FL1, en Indochine, 1947.

De loin la meilleure automitrailleuse blindée Française de la seconde guerre mondiale et peut-être la meilleure au monde en mai 1940, la Panhard AMD 35 (Auto Mitrailleuse de Découverte modele 1935) faisait suite à une spécification de l'armée de 1931 pour un véhicule tout-terrain capable de faire un volte face sur 12 mètres, atteindre 400 km avec une vitesse maximale de 70 km/h. Avant-gardiste, elle possédait un moteur en position arrière, lui donnant des formes compactes et une haute garde au sol. Les spécifications finales de 1932 prévoyaient aussi un canon de 20 mm et un blindage de 8 mm. Panhard fit bien mieux, proposant un blindage avant de 26 mm, et 13 mm sur les flancs et l'arrière, 20 mm sur la face de la tourelle et 13 mm sur ses flancs. Le véhicule possédait aussi une double cabine, le conducteur arrière servant aussi d'opérateur radio avec des unités ER26 et ER29. La tourelle APX3 dérivé de l'AMC-35 était assez grande pour le commandant et le cannonier assis en tandem sur des lanières de cuir. Le commandant pouvait donc se concentrer sur l'observation.

Le moteur Panhard ISK 4FII bis V4 essence (6.3L, 105 cv@2000 t/m) était placé en position longitudinale arrière, assez bas, et facile d'accès. Il était servit par une transmission dual-drive pour rouler rapidement en marche arrière avecune boîte 8 vitesse. Du fait de son long empattement il ne pouvait franchir que des tranchées de 60 cm, mais aussi des obstacles de 30 cm. Sa vitesse maximale 72.6 km/h et 42 km/h en tout-terrain, avec une vitesse de croisière de 47 km/h et un rayon d'action de 300 km grâce à deux réservoirs de 120 et 20 litres. Le canon de 25 mm Hotchkiss modèle 34, était servi par un viseur L711. C'était une version adaptée de la pièce antichar, mais raccourcie, on l'avait donc conçu pour tirer des obus à charge augmentée pur compenser la perte de vélocité, 950 m/s. Les obus perce-blindage avaient en coeur en tungstene suffisant pour percer 50 mm de blindage droit, comme celui du Panzer III. 150 obus étaient en stockage, dont des explosifs. Ajouté à cela une mitrailleuse coaxiale 7.5 mm Reibel machine (3,750 balles dont des tracantes et 1,500 perce-blindage. Une seconde Reibel était embarquée pour être déployée sur le toit contre l'aviation.


Panhard 178 en service

Du fait de délais de production de la tourelle, la fabrication des premiers exemplaires est reportée à 1938. Mais elle se poursuit grand train jusqu'en mai 1940 (339) et 429 véhicules complets à la capitulation et 533 véhicules sans tourelle. En juin 1940 faute de tanks on tente la conversion de plusieurs exemplaires armés avec un 47 mm SA35 dans une nouvelle tourelle, dont un seul véhicule participe aux combats. Les véhicules du 21e Escadron d'AMD 35 sont envoyés en Norvège, tandis que les véhicules du 4e GRDI sont attachés à la 15e division mécanisées. 370 véhicules pernnent au combat au total, probablement les meilleures automitrailleuses au monde à l'époque. Elles sont affectées par 40+4 radio et une réserve au sein des Divisions Légères Mécaniques, et au sein des Divisions Légères de Cavalerie (12+1 radio et 4 réserve) et celles des Régiment d'Automitrailleuses (RAM), soit 85 au total pour une division. Elles sont attachées organiquement aux Groupes de Reconnaissance de Division d'Infanterie (GRDI) des divisions d'infanterie mécanisées. En service le véhicule présente cependant des défauts: Son embrayage est fragile, la rotation de la tourelle est lente, l'intérieur est étroit, et les radios ne sont pas fiables. En sus, le moteur peu bruyant est malheureusement trahi par des freins qui le sont.


Panhard 178, vue arrière

Utilisées pour la reconnaissance stratégique, elles sont souvent les premières engagées face à l'ennemi, notamment contre des unités Allemandes équivalentes. Grâce à leur armement principal elles étaient en mesure de détruire n'importe quel char Allemand rencontré sauf peut-être le Panzer IV. Elles sont durement engagées lors de la Bataille des Pays Bas, mais furent durement touchées par une attaque de Stukas autour de Moerdijk. Après la prise d'Eben Emael, les véhicules des 3e et 4ePD participent à ds batailles de retardement pour couvrir le repli de l'armée Belge, et participent à la bataille de Hannut ou elles n'ont pas de mal à détruire leurs équivalents Allemands dont le canon de 20mm est ineffectif face au blindage des AMD 35. Les Panhard 178 sont aussi déployées en Indochine par Vichy, 8 armés avec une tourelle ZT-2 à partir de 1939. Pour l'AFN, 112 véhicules au total, modifiés avec une radiateur spécial seront produits, mais aucun ne sera envoyée sur place (affectés au 10e Cuirassiers de De Gaulle). Seul le prototype servira en 1938 avec le 6e Cuirassiers au Maroc, accepté en service et suivi d'ordres.


Détail de la tourelle APX-3 (Musée de Saumur)

Capturé, les Allemands qui reconnaissent sa qualité l'utilisent comme Panzerspähwagen P204 (f), intégrées dans leurs propres unités de reonnaissance, et elles sont notamment massivement déployées en Russie en 1941 (107 perdues). 30 véhicules servaient encore en mai 1943 sur le front de l'est dont des Panzerspähwagen (Funk) P204 (f) équipées de radio Allemandes longue portée, certaines avec du blindage additionnel. D'autres sont convertis en Schienenpanzer, servant sur rail dans les territoires conquis. Les Allemands utilisent aussi le Panzerspähwagen P204(f) mit 5 cm KwK 38 L/42, affecté a sein du Sicherungs-Aufklärungs-Abteilung 100, et la version antichar 47 mm, le Panzerspähwagen 178 P204(f) CDM, affecté au 1000th Auklärungs Abteilung de 89e DI qui servait durant la campagne de Normandie en juin 1944. Après la libération, la production est relancée à Firminy, donnant le modèle Panhard 178B, équipé d'une nouvelle tourelle Fives Lille (FL1) armé d'un canon de 75 mm SA 45 L/32, et recevant un moteur plus puissant et des radios EM3/R61. 414 seront produit jusqu'en 1947, qui serviront notamment en Indochine. Panhard aura une belle carrière durant la guerre froide, qui se poursuit aujourd'hui.

La renaissance de l'armée Française (1941-45)

Outre les exploits de Koufra et Bir Hakeim avec un matériel très disparate, puis les actions en Tunisie en 1943, l'armée Française se reconstitue péniblement en Afrique avec du matériel allié (Américain et Britannique). La 1ere armée de De Lattre participera aux combats en Italie tandis que Leclerc rendra célèbre sa 2e DB en France, des plages de Normandie à l'Alsace, en passant par Paris.



La 2e DB défile aux Champs Élysées en Aout 1945

Matériel Britanniques en service

Bren carrier



Bren Carrier avec un camouflage particulier en Afrique du Nord, partie de la Force de Koufra

Le plus prolifique des blindés Anglais était une innocente tankette ouverte armée d'une mitrailleuse Bren (d'où le nom non officiel). Le nom standard était "Universal carrier". Dérivé des tankettes dessinées et testées par Martel à partir de 1926 et poursuivi par Carden Loyd puis Vickers, le Bren Carrier était le transport de troupes à chenilles par défaut de l'armée britannique. Avec plus de 113,000 construits en comptant le Commonwealth c'est peut-être le blindé le plus répandu de l'histoire. Son seul équivalent moderne est le M113. La France Libre en reçoit donc des centaines, utilisés depuis l'AFN à partir de 1941, en Italie et en Provence, malgré l'adoption un peu plus tard du half-track M3 Américain. Ce véhicule de 4.2 tonnes est capable de 51 km/h et transporte 5 hommes. Il est protégé de 12 mm à l'avant et 8 mm sur les flancs mais personne n'est protégé des shrapnells.

Crusader II



Crusader Français en AFN

Le fameux char croiseur Anglais est développé à partir du Croiseur V Covenanter (qui ne verra jamais le service hors de l'Angleterre). Il possède un moteur plus puissant, un train roulant revu, un blindage en pente suffisant pour l'époque et le canon antichar 2-pdr standard (40 mm). Il apparait en 1941 et des milliers sont produit qui servent jusqu'en 1944, avant d'être convertis ou mis au rebus comme obsolètes. La 1ere compagnie autonome de char en AFN sera équipée de Crusaders en cours de remplacement dans l'armée anglaise par le M3 Grant. La compagnie comprenait des H39 au départ, mais sera mise à mal en Syrie. Devenue une colonne volante ils sont rattachés à la 8e armée en 1942, puis celle de Leclerc (Force L) en Tunisie, puis en France la 501e RCC, 2e DB.

Marmon Herrington Mk.III



Marmon Herrington III en service avec une unité de la France Libre en Tunisie

Cette automitrailleuse blindée très utilisé par le Commonwealth était fabriquée en Afrique du Sud. Spacieuse et fiable avec son chassis et moteur Ford, elle pouvait recevoir un armement très divers, comprenant fusil antichar Boys, Bren gun, Mitrailleuses Vickers... Ce véhicule est adopté par la France Libre en 1941. Pesant 5.4 tonnes et roulant à 80 km/h sur le plat il sert à la reconnaissance. Ceux du 1er escadron en Egypte en 1942 reçoivent des canons Français antichar de 25 mm.

Valentine Mk.V



Les Français utilisent le plus prolifique des chars d'infanterie Britanniques, produit par Vickers sur fonds propres pour répondre à une possible demande de l'armée. La version V de 1942 et dotée d'un nouveau canon de 57 mm bien plus efficace que le 2-pdr. Les chasseurs d'Afrique en Tunisie en reçoivent 63 en mars 1943, affectés aux 2e, 4e et 5e RCA.

Matériel Américains en service

Char M4 Sherman

Les Français reçurent le Sherman à partir de leur rééquipement en AFN en 1943. Modèle fétiche des alliés développé dès 1941 (le M3 Lee/Grant était essentiellement un modèle de transition en attentant le développement d'un 75 mm en tourelle) et adopté par les britanniques en 1942. Utilisé en masse lors de la seconde bataille d'El Alamein il permit de rétablir la balance face aux panzer III et IV fatigués encore déployés par L'Afrika Korps. Le Sherman fut de toutes les batailles, largement utilisés par les Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Polonais, Tchèques, Soviétiques... Il fut décliné en 6 versions majeures et reçut un nouveau canon en 1944. Critiqué au début pour son canon incapable de percer le blindage frontal de certains chars Allemands comme le Panther et son magasin à munitions mal protégé, sa hauteur qui en faisait un cible facile, le Sherman était cependant rapide, mobile, bien armé, polyvalent et très fiable. Avec 50 000 exemplaire il était également très disponible. Réarmé et modernisé, il fut encore en action durant la guerre froide en deux nombreux endroits du globe. Certaines versions comme le Firefly réarmé avec un 17-pdr Anglais était peut-être le meilleur chasseur de chars allié, et le M4A3E2 "Jumbo" le mieux protégé.



M4 Sherman


M4A2


M4A3(76)
Les Français déploient presque tous les modèles de l'inventaire sauf le M4A6 et le les M4(75) tarifs à canon long, mais des unités touchent en 1944 le M4A1(76) à coque moulée à canon long. Des M4A1 composites (avant moulén reste coque soudée) sont issus au 12e R.C. en novembre 1944. Le M4A2 va équiper 5 régiments de chars, le 501e RCC, les 5e, 6e et 12e RCA et le 12e Régiment de Cuirassiers. Le M4A3 à moteur V8 Ford va équiper la 2ème DB et à partir d'août 1944, le M4A3(76) tardif remplace les unités perdues au combat. La version d'appui feu M4A3E8 105mm est également reçue. Enfin un unique exemplaire connu du M4A3E2 JUMBO est reçue au sein de la 2e DB, 2e RCA (Chasseurs d'Afrique).



M4A4


M4A3E2/105

Egalement abondant en grand nombre, le M4A4 est aussi reçu en nombre (c'était le char réservé aux alliés, jamais utilisé par l'armée Américaine). Il se distinguait par ses bogies modifiés plus distants et son glacis plus penché, son blindage renforcé. Il est mis en oeuvre par le 1er et 2ème Régiment de Cuirassiers et les 1er et 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique. Les M4A4 après guerre seront remotorisés avec un Continental R975 C1 en étoile, rebaptisés M4A4T.

M31 Recovery



M31 Recovery en france, 1944

Bien que le M3 Lee/Grant ne fut jamais en service avec les Forces Françaises, la version spécialisée M31 sera utilisée pour servir les unités d'active équipées du Sherman.

M10 GMC



M10 GMC

Le M10 Gun motor Carrier (ou GMC, informellement appelé "Wolverine") fur aussi reçu par l'Armée Française en 1944. basé sur le chassis du M4A2 il disposait d'un blindage en pente et d'une tourelle ouverte pour la visibilité combiné avec l'excellent 76 mm long qui en firent le principal chasseur de char Américain (et Français).

M3 Stuart



M3A3 Stuart en 1944

Le M3 "Stuart" Light Tank était dérivé du M2A4 de 1940 armé d'un canon de 37 mm. Entré en service avec l'armée Britannique en AFN dès 1941, et les Français libres touchent le M3A1 en seconde main dès 1941. En 1944, les Français touchent aussi le M3A3 au blindage complètement revu, qui sert en Italie et en Provence.

M5 Stuart



M5 Stuart en 1944

Le M5 Light Tank appelé aussi "char cadillac" était essentiellement un M3A1 remotorisé avec deux V8 couplé à une suspension hydramatic, avec un blindage en pente allant jusqu'à 51 mm. Les exemplaires délivrés à la France (1944?) servent avec le 1er escadron, 2e DB de Leclerc. Des M5A1 sont également délivrés en 1944 et servent avec la 2e DB à Paris et en Alsace, puis en Allemagne. Ils ont un nouvel équipement radio, un collimateur incorporé, un blindage revu, de nouveaux épiscopes et une issue de secours de plancher. Ils servent avec le 5e RC, 2e RCA, 1er RC, et 501e RCC en Indochine.

M8 Scott



M8 Scott du 2e RCA en 1944

Le M8 Scott était un dérivé d'appui-feu du M5A1 light tank, avec 75 mm court en tourelle moulée ouverte. Ils servent avec la 2e DB.

M7 Priest



M7 Priest de la 2e DB, Alsace, fin 1944

Le M7 Priest était un howitzer 105mm autopropulsé basé sur le chassis du M3 Lee, apparu en 1942. La pièce avait un débattement de 45° en azimuth et - 5° à + 35° en élévation. D'après certaines photos certains étaient peints en blanc pour la campagne de l'hiver 1944-45 en Alsace.

M6 GMC



M6 GMC "Fargo" en AFN, 1943

Le M6 GMC (Gun Motor Carrier) fut le premier chasseur de chars Américain. C'était est un simple camion avec un 37 mm sous masque installé sur la baie arrière. Il fut utilisé abondemment en AFN à partir de Novembre 1942 et les Français les touchent en nombre lorsque le M10 GMC devient disponible, et des véhicules servent même avec les FFL en France en 1944, où ils excellent en embuscade.

M8 Greyhound



M8 Greyhound en Alsace fin 1944

Le M8 "Grey Ghost" était le blindé de reconnaissance standard de l'US Army et fut également délivré aux français libres en 1944. Le véhicule excelle dans les missions de opérations de police, de liaison et de contre-guérilla en Algérie après la guerre.

M20 COMMAND CAR



M20 CC en 1944

Le M20 Command Car appelé d'abord M10 Armoured Utility Car dérivé du M8 apparait en 1943. Il est équipé d'un vaste habitacle ouvert pour l'observation avec des équipements radio long rayon d'action, sans tourelle. Certains sont délivrés aux Français en 1944 pour mener les escadrons de reconnaissance.

M3 SCOUT CAR



M3A1 en France, 1944

Le M3 Scout Car est un véhicule blindé utilitaire développé par White en 1940, avant le célèbre M3 Half-track qui va s'en inspirer. Il est massivement utilisé en AFN à partir de Nov. 1942 et les Français en touchent en 1943. Ils combattent en Tunisie, Italie, Provence, et Alsace. Il n'était pas très apprécié du fait de ses médiocres performances en tout-terrain.

M3 Half Track Car



M3A1 HT en France, 1944

Dérivé du médiocre M3 Scout Car en 1940, l'excellent M2 Half Track reçoit à l'arrière des chenilles souples dérivées du système Français Kégresse. Le M3 qui en dérive est Produit en masse et utilisé par les Commonwealth et les Soviétiques, les Français en touchent également en 1944. Ils sont également utilisés en Algérie dans les années 50-60.

M3 GMC



M3GMC en Tunisie, fin 1943

Le M6 GMC est un chasseur de char développé en urgence pour le front d'AFN dès 1942. Il offre une pièce de 75 mm M1917 A4 sur affut M5 dérivée du fameux 75 Français qui est plus efficace pour l'artillerie que la lutte antichar du fait de la faible vélocité de ses projectiles. Ils feront mauvaise impression à Sidi Bou Zid and Kasserine Pass,mais se rachèteront à El Guettar, puis déployés en sicile, Operation Husky. Les Français les utilisent pour l'entraînement avant de recevoir le M10 GMC. Le M16 DCA "hachoir à viande" doté d'un quadruple cal.50 browning sera également déployé par les FFL en France en 1944 pour la couverture aérienne.

Véhicules improvisés des FFI

Outre les chars B1, S35, H35 et R35 capturés en faible nombre, les Français disposeront pour les combats de 1942-44 d'un petit nombre de véhicules blindés. En Afrique, les Français libres utilisent des voitures blindées converties Dodge Tanaké. En France à la Rochelle, des voitures blindées sur châssis de camion Somua ou de voiturette Simca sont utilisées pour réduire le siège de La Rochelle en 1944.



Char B bis des FFI, paris Août 1944. D'autres sont utilisés pour la réduction de la poche de Royan.




Char Panther capturé, longtemps exposé à Paris, place Vendôme. Suffisamment de Panthers ont été capturés et remis en état pour constituer une brigade blindée d'active Après-guerre. (voir chars de la guerre froide).




Dodge Tanaké. En 1941 le capitaine Bitch en Syrie convertit un certain nombre de camions Dodge en véhicules blindés improvisés. D'abord au combat contre les Britanniques, ils feront face à l'axe en 1943.




Simca 5 La Rochelle (1944) "Joseph Camaret II". Sans doute l'une des plus petits voitures blindées de la guerre, deux Simca 5 construites à la Rochelle pour appuyer la réduction de la poche de La Rochelle sont converties en véhicules blindés en même temps qu'un camion Liberty, le "Leonce Vieljeux", aujourd'hui conservé à Saumur. Un autre camion blindé se nomme "Frank Delmas" et est armé d'une pièce d'artillerie. Aucun de ces véhicules n'est terminé à temps pour prendre part aux combats, l'armistice est signée avant. http://museedelaresistanceenligne.org/media8379-Voiture-blindA